26 février 2024
bus, promeneurs, vélos route de montagne
© Olivier LESTIEN
Le 8 février 2024, le Cerema a organisé un Rendez-vous Mobilités consacré aux mobilités touristiques durables. Ce webinaire a donné la parole à une variété d’acteurs impliqués dans la gestion ou la promotion des mobilités touristiques durables.

Patrice Morandas, adjoint au directeur du département Mobilités, Espaces Publics et Sécurité du Cerema territoires et Ville, a ouvert ce RDV en rappelant notamment les grands enjeux des mobilités (décarbonation, équité sociale, enjeu économique), la place du tourisme en France, et les précédents travaux du Cerema sur les mobilités touristiques.

Florence Girault, directrice de projet sur les services de mobilité, a ensuite introduit le webinaire. Assurer des mobilités touristiques durables passe notamment par le développement d’alternatives à la voiture, et des mesures de gestion de l’usage de la voiture et du stationnement. Deux types de déplacements sont concernées : les déplacements d’accès au territoire touristique depuis le lieu de résidence (moyennes ou longues distances), et les déplacements internes aux territoires touristique (« de derniers kilomètres »), notamment pour accéder aux différents sites et activités touristiques. L’objectif du webinaire est de montrer la variété des acteurs impliqués dans la gestion ou la promotion des mobilités touristiques durables, le rôle de chacun, et la coordination nécessaire pour mener des actions efficaces répondant aux besoins des touristes.

 

Présentation du Grand Annecy 

Virginie Canac, Responsable du pôle mobilités alternatives, touristiques et animation a la Communauté du Grand Annecy a présenté différentes actions mises en œuvre, à destination des touristes et des résidents. Notamment, le réseau de transport collectif a été rendu gratuit durant l’été pour tous (résidents et touristes) en 2023 et 2022. Une augmentation des ventes d’abonnement a été observée aux rentrées suivantes. Par ailleurs, un système de vélos en libre-service est mis en place, notamment à proximité du lac. Ce système a été pensé pour venir en complémentarité des offres des loueurs de vélos privés, avec une tarification très faible pour les déplacements courts (<1h), tandis que la tarification est élevée pour les déplacements plus longs, afin de dissuader ce type d’usage. 

 

Présentation de l’office de tourisme Gorges de l’Ardèche – Pont d’Arc 

Vincent Orcel, directeur de l’office de tourisme Gorges de l’Ardèche-Pont d’Arc, a mis en avant les enjeux de l’office de tourisme : encourager le report modal pour l’accès aux territoires, et diffuser les flux (et les retombées économiques) sur le territoire. Le Pont d’Arc est un site emblématique très fréquenté, qui est accessible à pied (randonnée), en navette, en voiture (ou en canoé). L’office de tourisme développe notamment un outil, en partenariat avec l’opération Grand site Combe d’Arc, pour visualiser les flux et la fréquentation des parkings situés à proximité de ce site. Un autre outil de visualisation de la fréquentation des Gorges en canoë a également été développé en partenariat avec le Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche et les professionnels du canoë. L’office de tourisme souhaite par ailleurs développer des « séjours sans voiture » en particulier pour une clientèle urbaine lyonnaise et parisienne, et compléter les services permettant d’assurer le « dernier kilomètre » (location de vélo, vélo cargo, transport par les hébergeurs…)

Florence Girault (Cerema) a présenté une initiative régionale pour renforcer le rôle des offices du tourisme dans la gestion et la promotion des mobilités touristiques durables : le CRT Occitanie a lancé un AMI pour développer des offices du tourisme et de la mobilité. 16 lauréats ont été sélectionnés et bénéficieront d'un accompagnement sur 18 mois. 

 

Présentation de la Région Sud 

Anne GAUTIER, Chef de Service Réseau régional et Sylvie PEUZIN, Chargée de mission Sûreté, Concertation publique et Relations Institutionnelles, ont présenté l’adaptation de l’offre de transport régionale pour répondre à la demande de déplacements touristiques :

  • Des renforts de train l’été et l’hiver : 
    • augmentation de la capacité des trains (« trains longs » par exemple sur la Côte Bleue, en période de forte affluence), 
    • augmentation de la fréquence de certaines lignes pour certains évènements (Carnaval de Nice, Fête du Citron, Grand prix de Monaco…).
  • Des renforts de cars, l’été et l’hiver : 
    • création de lignes en période touristique, notamment pour desservir des stations de montagne l’hiver,
    • augmentation de la fréquence ou mise en place de renforts le week-end, sur certaines lignes en période touristique. 
  • Des mesures pour favoriser l’intermodalité vélo-transport collectif : 
    • augmentation de la capacité d’emport de vélos dans les trains le long de la Via Rhôna, ou pour des évènements spécifiques (bâchage de siège ou retrait de sièges), 
    • équipement de 12 lignes régulières de cars de systèmes d’emport de vélos (racks ou remorques), 
    • expérimentation d’un nouveau type de rack à vélo, sur une ligne entre Avignon et Apt, avec aide au levage de vélo 
  • Des mesures pour favoriser l’intermodalité train-car : 
    • une offre tarifaire multimodale en Alpes-Maritimes (PASS SUDAZUR EXPLORE), 
    • des billets combinés train + car accessible sur SNCF Connect, l’opération « train des neiges » (forfait TER + car à destination de stations de ski)

La Région développe également un outil pour connaitre et visualiser la fréquentation des sites touristiques et permettre aux gestionnaires de sites d’adapter si besoin les conditions d’accueil et d’accès du public.

Questions-réponses, sur l'offre ferroviaire, issues du dialogue en ligne.

 

Présentation d’Aude tourisme

Dorian Mateos, Chargé de mission itinérance et tourisme durable à l’agence de développement touristique de l’Aude, a présenté l’« Escapade nature sans voiture entre l’Aude et l’Hérault » mise en place dans ces départements, autour de 3 grands site de France. Ce concept d’« escapade » a été développé par le Réseau des grands sites de France (RGSF), notamment pour promouvoir un tourisme durable et pour favoriser des séjours de découverte (plutôt que des visites « flash »).

Cette escapade relie la Cité de Minerve, le canal du Midi et la Cité de Carcassonne. Elle est réalisable en vélo, via une boucle complète de 10 jours. Les allers simples peuvent être réalisés en 6 jours (itinéraire Nord) ou 4 jours (itinéraire Sud), les retours pouvant être réalisés en train (gares ferroviaires aux points de départ et d’arrivée). Le circuit a été testé par des « escapadeurs » avant d’être validé, notamment par les élus du territoire. De nombreuses actions de valorisation ont été engagées pour faire connaitre cette escapade, notamment en lien avec les offices de tourisme locaux. 

Questions-réponses issues du dialogue en ligne.

 

surfréquentation touristique

Florence Girault (Cerema) a ensuite présenté les enjeux de la surfréquentation touristique. On parle de surfréquentation touristique lorsque le niveau de fréquentation engendre des nuisances, pour l’environnement, pour les riverains, ou pour les touristes eux-mêmes : congestion, problèmes de sécurité routière, expérience touristique dégradée, dégradation des écosystèmes, altération de la qualité de vie des riverains. De nombreuses mesures peuvent être mises en œuvre pour gérer cette surfréquentation, comme d’agir sur la répartition temporelle et géographique des flux ou sur les modalités d’accès aux sites. 

La part modale élevée de la voiture dans les déplacements d’accès aux sites touristiques est en effet source de nuisances. Le Cerema mène actuellement une étude sur la gestion des accès à des sites surfréquentés, en zones peu denses, pour identifier les leviers d’actions possibles et leurs conditions de réussite : mesures pour favoriser les accès en transports collectifs, en modes actifs et partagés et pour mieux organiser le stationnement voiture. 

 

Présentation du Parc national des calanques

Camille Dodigny, Chargée de mission Mobilité, urbanisme, aménagement, et Samuel Ayache, responsable du pôle aménagement du territoire, gestion, paysage au Parc national des calanques ont présenté les enjeux et mesures de gestion de la surfréquentation du parc. Le fort taux de fréquentation du parc (3 millions de visite / an) engendre des enjeux de protection du patrimoine naturel, de sécurité publique, de qualité de vie pour les riverains. Le parc a un rôle de gestionnaire coordinateurs des actions mises en œuvre par les acteurs compétents (mosaïque foncière et règlementaire).

  • Le Parc a mis en œuvre un permis de visite de visite gratuit sur réservation pour l’accès à la calanque de Sugiton, afin de limiter les pics de fréquentation. Cette mesure a permis de stabiliser l’état des écosystèmes mais pas encore d’enclencher la renaturation du site.
  • Des mesures de gestion de l’emprise de la voiture, et d’incitation au report modal pour l’accès au parc sont en cours de déploiement : ré-organisation du stationnement, restriction d’accès aux véhicules motorisés, déploiement d’un écosystème vélo (stationnement, itinéraires, location…), etc.

 

Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema

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