21 décembre 2021
petites lignes ferroviaires
Cerema - Bruno Meignien, 2015
Le Cerema a organisé le 9 décembre 2021 un webinaire consacré au développement des petites lignes ferroviaires, avec les retours d'expériences de trois projets en France et à l'étranger, sur leurs enjeux et principes d’exploitation. Le replay et les présentations sont disponibles.

Sur le modèle d'un rendez-vous devenu incontournable depuis maintenant une décennie autour des petites lignes dédiées au transport de marchandises (la "journée OFP", qui traite des "capillaires fret"), il nous semblait opportun de susciter une émulation sur les petites lignes autorisées aux voyageurs. En effet, loin de la spirale déclinante dont l'inertie se fait encore sentir, la matière grise se remet autour de la table et la volonté et les projets ne manquent pas pour les petites lignes.

C'est dans cette optique qu'a été publié le rapport du Cerema "Quel avenir pour les petites lignes ? Potentiel, technique, gouvernance", et que ce webinaire a été organisé.

 

Ce rendez-vous a été l'occasion de mettre à l'honneur trois petites lignes de trois pays différents, à travers deux de leurs exploitants et un bureau d'études : Saint-Gervais - Vallorcine en France, Nyon - St-Cergue - La Cure en Suisse, et la "Borders Railway" en Ecosse.

Malgré des contextes très différents en matière de clientèle, de démographie, de climat et de technique, les intervenants nous ont finalement rappelé des points communs essentiels:

 

1. Un potentiel de voyageurs réguliers et occasionnels

Borders Railway, vue d'un train près d'une gare en Ecosse
Borders Railway - Wikimedia Commons

Un potentiel qui ne se limite pas aux seuls voyageurs "pendulaires" scolaires et salariés, loin de là : les "occasionnels", incluant une quantité plus ou moins importante de touristes, forment au contraire le gros de la mobilité. 

Adopté sur ces trois lignes, le cadencement permet de répondre à cette demande qui s'exprime toute la journée, tous les jours, et non pas seulement en pointe.

 

2. Optimiser le cadencement

Une technique optimisée par le cadencement, avec un enjeu majeur de performance des rotations. La productivité apportée par le cadencement reste tributaire :

  • Des correspondances avec le réseau principal, surtout lorsque la ligne est connectée "aux deux bouts" : ainsi, pour maintenir la fonctionnalité de correspondance, St-Gervais Vallorcine a vu sa productivité horaire revue à la baisse à la mise en service des nouveaux horaires du Léman Express à St-Gervais.
  • Et de la vitesse commerciale permise par le système {infrastructure + signalisation + matériel roulant} : ainsi jusqu'en 1986, la faible vitesse et performance du matériel roulant utilisé jusqu'alors ne permettait pas d'optimiser les horaires dans une logique de cadencement sur Nyon - La Cure.
    • Cela implique d'investir pour la performance : matériel roulant (accélération, freinage, temps d'arrêt), mais aussi signalisation (espacement des trains, fluidité) et infrastructure (vitesses maximales, limitation des points singuliers, possibilités de croisement).
    • Il s'agit, pour chaque matériel roulant et équipage, mais aussi pour l'infrastructure qui les supporte, de réaliser un maximum de kilomètres chaque jour et minimiser les temps morts, à l'instar des systèmes dits "low cost".

 

3. La gouvernance locale des projets

Train rouge et blanc Mont Blanc express dans les montagnes
Mont-Blanc Express - Wikimedia Commons

Une gouvernance locale autour d'un projet de territoire à long-terme. La réussite semble conditionnée par l'intervention :

  • D'un exploitant intégré (qui gère les trains ET l'infrastructure) local, de type "PME du rail", avec un "chef de ligne" bien identifié,
  • Et des acteurs locaux : cela est particulièrement visible dans le projet de réouverture de la Borders Railways, avec l'Etat écossais mais aussi Network Rail, les conseils locaux d'Edimbourg, Midlothian et Borders, l'agence de développement économique Scottish Enterprise, et l'agence touristique Visitscotland.
  • Cette gestion locale implique un isolement plus ou moins marqué de la petite ligne pour profiter à plein des optimisations permises, et donc un besoin accru de correspondances et d'interopérabilité (y compris billettique) avec le reste du réseau.

 

Ce rendez-vous a été l'occasion de mettre en avant trois petites lignes:

  • Ligne Saint-Gervais – Vallorcine – Martigny, présentée par Blaise Pawlikowski, directeur de l'établissement multi-fonctionnel (EMF) Mont-Blanc de la SNCF ;
  • Ligne de Nyon à La Cure (Suisse), présentée par Stéphane Rickli, Chef de projet chez NStCM (chemin de fer Nyon-Saint-Cergue-Morez) ;
  • Borders Railway, ligne écossaise présentée par Théo Stapleton, chef de projet, du bureau d'études TTK.

Le Cerema continuera ses travaux sur le sujet des petites lignes, en proposant des documents et outils publics sur son site internet via la page dédiée qui sera  en ligne prochainement.

En particulier, deux outils librement utilisables sont en développement :

  • Géofer, plateforme cartographique de potentiel ferroviaire, incluant la base de données ITE 3000 (installations terminales embranchées fret)
  • Coufer, modèle de coûts détaillé pour le TER, en cours d'amélioration avec le concours d'Arcadis.

Le Cerema est également partenaire du consortium Train Léger Innovant, projet porté par la SNCF pour imaginer un nouveau système ferroviaire pour les petites lignes.

Dans le dossier Les Rendez-vous Mobilités du Cerema

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