12 février 2024
Déconstruction d'un immeuble à Paris
Bernard Suard - TERRA
L'économie circulaire se déploie dans le domaine du BTP, avec des objectifs ambitieux en termes de réduction de déchets et de recyclage des matériaux. Le Cerema pilote le label 2EC, qui permet aux porteurs de projets d'être guidés dans leur démarche à toutes les étapes du chantier, et qui est complémentaire avec le label Circolab axé sur le réemploi des matériaux.
Focus sur ces deux labels, qui permettent d'inscrire les projets une démarche exemplaire.

Désormais les chantiers d'aménagement et de construction répondent aux objectifs d'économie circulaire: la réduction des déchets et la réutilisation des matériaux sont des ambitions forte de nombreux chantiers. Ces démarches sont complexes à mener pour les porteurs de projet, et les deux labels complémentaires, le label 2EC et Circolab, apportent une expertise et permettent de s'assurer que toutes les actions ont été mises en œuvre.

 

Des outils complémentaires pour l'économie circulaire

Le label 2EC englobe d'une façon opérationnelle la totalité des actions en faveur du déploiement de l'économie circulaire dans les projets de construction et d'aménagement. La charte du label 2EC permet de formaliser les engagements de la maîtrise d’ouvrage. Elle aborde les thèmes de la prévention et gestion des matériaux et déchets ainsi que la valorisation de matériaux alternatif dans le respect de la réglementation associée à une traçabilité sans faille. 

De son côté, le label CIRCOLAB évalue la performance du réemploi dans les projets immobiliers neufs ou rénovés. Cela se traduit par un cadre méthodologique terrain qualitatif pour faciliter et rendre efficace le réemploi des produits construction ainsi qu’un volet éco-conception qui prend en compte le choix des matériaux, équipements et produits neufs, selon des critères de durabilité, accessibilité, démontabilité afin de préparer leur futur réemploi.

Il a également pour objectif d’évaluer la performance liée aux quantités de matériaux réemployés sur le projet en proposant des indicateurs environnementaux basés sur le principe de l’analyse du cycle de vie (ACV) des produits.

Le label 2EC quant à lui, apporte des engagements complets sur la prévention et la gestion des matériaux et déchets ainsi qu’une vision d'aménagement et de travaux publics.

Ainsi ces deux labels permettent d’avoir une démarche complète sur la gestion des ressources à toutes les phases d’un projet. À noter qu’ils sont tous deux amenés à évoluer en fonction des enjeux récents et de s’adapter aux nouveaux besoins des maîtres d’ouvrage de projets du BTP. 
 

Le Label 2EC et Circolab en quelques mots...

 

 

Label 2EC

Porté par le Ministère de la Transition écologique et piloté par le Cerema, le label national 2EC a pour objectif d’amener les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entreprises à libérer, dans les territoires, les potentiels d’économie circulaire dans la construction et l’aménagement.

Il vise à accompagner, sur tous les temps d’un projet, les acteurs de l’acte de construire pour la prévention et gestion des matériaux et déchets de conception générés lors de l’exécution du projet et la valorisation de matériaux alternatifs.

 

Label 2EC 
 

L’obtention du label repose sur le respect des engagements pris dans le cadre de la charte par le maitre d’ouvrage dès la phase de conception, et d’autre part le maître d’œuvre ainsi que les entreprises dès leurs réponses aux marchés jusqu’à l’achèvement des travaux liés à la labellisation. Durant la phase de réalisation du projet, le Cerema réalise des audits afin de confirmer le respect des engagements d'économie circulaire.

L'application du label 2EC permet de mettre en lumière les projets exemplaires qui intègrent les enjeux d’économie circulaire. Il facilite également la montée en compétence de l’ensemble des acteurs en matière de prévention et de gestion des matériaux et déchets issus des chantiers. 

 

Circolab

Le label CIRCOLAB a pour objectifs de fixer à la fois un cadre méthodologique pour mener à bien une opération de réemploi, et de proposer un outil d’évaluation de la performance qualitative et quantitative sur cette opération. Un référentiel technique permet de guider l’utilisateur dans la démarche et s’appuie sur son propre outil pour calculer l’impact environnemental multicritères lié aux étapes de recondionnement des produits réemployés, en le comparant à des achats de produits neufs équivalents. 

 

  Circolab

 

Un Référent réemploi ainsi qu’un Evaluateur formé et accrédité par CIRCOLAB doivent obligatoirement être désignés par le demandeur du Label pour piloter la mise en œuvre du réemploi tout au long des phases de l’opération, qu’elles soient optionnelles (naissance et conception) ou obligatoires (chantier et livraison).

Cette démarche permet en fin d’opération, de délivrer un certificat de performance associé au bâtiment qui reçoit les produits réemployés, avec 5 niveaux de performance possibles. Il s’adresse à toutes les typologies de bâtiments, en neuf ou restructuration.
 

Couvrir la totalité des engagements d’économie circulaire d’un projet de construction

Laurent Mignaux - TERRA

Les deux labels marquent à la fois des points communs et une complémentarité qui permettent aux maîtres d’ouvrage et aux autres acteurs d'un projet de construction et d'aménagement d’être accompagnés sereinement en matière de gestion de la ressource à travers un cadre méthodologique qui guide la stratégie d’économie circulaire d’un projet dès sa conception. 

Ces deux démarches donnent l’opportunité aux acteurs de mettre en valeur le caractère vertueux des actions d’économie circulaire menées et leur singularité qui se dégagent sur les travaux réalisés.

De plus, déployer ces deux labels invite ceux qui s’y engagent à mettre en œuvre une traçabilité des flux de produits, équipements, matières et déchets générés par le projet. Par conséquent, cela développe l’activité économique autour des filières d'économie circulaire des matériaux et déchets dont le réemploi

Ces deux labels ont pour vocation de favoriser la sobriété matière, la maîtrise des coûts de gestion des déchets et des risques juridiques qui en découlent, en appliquant une démarche éprouvée qui renforce la visibilité des engagements des acteurs du projet en faveur de l'économie circulaire. 

 

 
Les objectifs des deux labels sont communs : 
 
 
  • Dynamiser le tissu économique local par des emplois non délocalisables.
  • Préserver l’environnement. 
  • Développer le réemploi, de la dépose aux filières locales.
  • Faciliter la mise en œuvre de matériaux alternatifs à travers notamment la réutilisation, le recyclage et la valorisation matière.
  • Limiter l’utilisation de ressources non renouvelables.
  • Respecter la réglementation et aller plus loin.
  • Mettre en avant l’exemplarité des maîtres d’ouvrage de projet du BTP en matière d’économie circulaire. 

La parole aux maîtres d'ouvrage :

Témoignage d’un maitre d’ouvrage sur le Label CIRCOLAB

Emmanuel GAMEIRO, Responsable de développement chez Generali Real Estate French Branch

 

Qu’est-ce que le Label Circolab a apporté à votre 1ère opération en réemploi ?

Projet du 100 Champs Elysées - Generali 

GENERALI Real Estate a souhaité participer activement à la finalisation du label en lançant en Opération Pilote la restructuration du 100 Champs Elysées. Ce label "Opération Pilote" a permis d’identifier les éventuelles difficultés de la mise en œuvre de la démarche pour l’optimisation et l’anticipation de nos futurs projets. Nous appliquons à présent à toutes nos nouvelles opérations en développement cette démarche de labellisation.
 

Quels sont les points marquants du Label Circolab dans vos opérations en développement ?

Dans les opérations en développement, le Label permet de fixer un cap et des objectifs à atteindre, en termes de réemploi, aux équipes de conception en ligne avec l’ambition du Maître d’Ouvrage. Cela les incite à sortir de leurs schémas habituels.

 

Le Label Circolab s'inscrivait dans la stratégie du groupe...

Le groupe GENERALI a rejoint il y a près de 4 ans la NZAOA ("Net Zero Asset Owner Aliance"), une alliance promue par les Nations Unies regroupant des assureurs et des fonds de pensions engagés à “décarboniser” leur portefeuille afin d’atteindre zéro émission nette de GES d’ici 2050. Dans ce cadre, l’économie circulaire et le réemploi des matériaux font partie des priorités chez GENERALI REAL Estate, et sont intégrés de facto dans les projets de rénovation et de construction dès la phase programme

Cette circularité implique des changements de pratiques face au challenge de produire du neuf avec des matériaux de seconde main. Le Label CIRCOLAB accompagne ces changements, atteste de la qualité de la démarche et marque ainsi l’engagement de GENERALI Real Estate dans le réemploi.

 

Témoignage d’un maitre d’ouvrage sur le label 2EC

Caroline PRIMARD, Chargée de projets chez Pitch immo x Wooddeum

 

Le chantier Ki dans le quartier de la Part-Dieu à Lyon a très vite rejoint le Label 2EC : pouvez-vous nous expliquer quels étaient les enjeux spécifiques de ce chantier et vos objectifs en termes d'économie circulaire ?

Projet KI - Pitch Immo

Pitch Immo avait pour ambition initiale de réhabiliter le bâtiment de la Caisse d’Epargne. Lorsque les études ont montré que l’intérêt de réhabiliter ce bâtiment était très limité, c’est tout naturellement que l’idée du réemploi des matériaux s’est présentée à nous.

Le bâtiment présentait des équipements et matériaux de grandes qualités notamment : de très beaux éléments en béton préfabriqués, des mains courantes travaillées et décorées, des WC suspendus et vasques impeccables, des verres de façade porteurs de l’histoire architecturale de la Part-Dieu. Au-delà de la qualité des matériaux, certains étaient présents en très grande quantité et représentaient un gisement homogène facilement réemployable. On peut citer notamment les 450 portes de bureaux, les 9 000 m² de faux-plafond, les 15 000 m² de moquettes, les 3 000 luminaires… Il paraît impensable dans le monde d’aujourd’hui que tous ces matériaux et équipements soient jetés alors qu’ils pourraient encore parfaitement remplir leur fonction.

Nous nous étions fixé un objectif initial de 585 tonnes de matériaux remployés et valorisés -en réemploi in situ/ex situ et en recyclage maîtrisé- et nous sommes aujourd’hui fiers de l’avoir atteint et même dépassé.

L’entreprise a réemployé et valorisé 769,8 tonnes de matériaux et déchets à date (hors vitrages) dont environ 150 tonnes de matériaux qui n’avaient pas été identifiées lors du diagnostic PEMD (carreaux de plâtre, groupe électrogène, quincaillerie et machinerie ascenseur) partis en réemploi ex situ.

C’est donc pour nous une vraie réussite pour ce premier chantier de déconstruction sélective.

Le défi pour nous sera maintenant de réintégrer les matériaux qui ont été déposés et stockés dans le nouveau projet. Nous aimerions que cette pratique du réemploi soit plus largement acceptée et reproduite.
L’objectif sera aussi pour nous de convaincre nos clients que le réemploi ne rime pas avec des prestations "au rabais", bien au contraire.

 

En quoi l'accompagnement du Label 2EC a-t-il été utile pour vous maitre d'ouvrage ?

L’accompagnement du Label 2EC a permis de nous challenger sur le réemploi des matériaux et de structurer notre démarche

En présentant notre labellisation 2EC, nous avions la responsabilité de réaliser une opération de déconstruction démonstratrice d’une nouvelle façon de construire.