30 mai 2022
Vue de Grenoble et des Alpes depuis le haut d'une montagne à côté
S Revol - Pixabay
Des politiques publiques aussi bien nationales que locales portent comme objectif de développer des environnements favorables à la santé. Grenoble Alpes Métropole s’est engagé dans le cadre de son Plan Climat Air Énergie à réaliser un diagnostic local permettant une synthèse spatialisée des enjeux de santé et de santé-environnement.
Ce travail mené avec le Cerema, l'Observatoire régional de la santé et l'agence d'urbanisme constitue un outil transversal d’aide à la décision pour de nombreuses démarches métropolitaines en cours et à venir.

Grenoble-Alpes Métropole regroupe 49 communes situées en grande partie au coeur de l'Y grenoblois et sur les hauteurs du balcon Sud de la Chartreuse. 445 000 personnes y résident dans des cadres de vie différents allant de zones urbaines à des zones beaucoup plus rurales. 

Notre santé est déterminée par l’environnement. Celui-ci peut être une ressource pour la santé et permettre de réduire les expositions aux pollutions, à titre d’exemple, la végétalisation peut agir pour limiter les ilots de chaleur, les espaces verts peuvent participer à réduire le stress… Mais l’environnement peut aussi présenter, au contraire, des facteurs de risque. Ainsi les diverses pollutions contribuent au développement de maladies et peuvent affecter le bien-être de chacun.

Dans le cadre de son Plan Climat Air Énergie, Grenoble-Alpes Métropole a réalisé un diagnostic local pour ensuite synthétiser et cartographier les enjeux de santé et de santé-environnement.

 

Diagnostic local de santé et environnement

Carte de la surface de végétation par habitant par aire urbaine
Surface de végétation par habitant - Extrait du Diagnostic santé-environnement

Pour mener ces politiques de façon adaptée aux besoins des territoires, les décideurs ont besoin de connaître l’état de santé des populations et leurs niveaux d’exposition aux pollutions et nuisances. Ils peuvent s’appuyer sur le diagnostic local de santé, réalisé par l’Observatoire Régional de la Santé à partir de différentes sources de données relatives à la santé et la démographie et d’un questionnaire à destination des habitants.

Ce diagnostic permet d’explorer autrement les connaissances et les données, afin de construire une représentation commune de la réalité et de partager les enjeux auxquels les politiques publiques doivent répondre. Les principaux besoins de santé des différents groupes de population, l’offre de soins et de prévention présente sur le territoire ont été identifiés, et les enjeux locaux notamment dans les quartiers prioritaires de la ville ont été mis en évidence.

Pour aller plus loin dans le cadre de l’élaboration de son plan d’actions, Grenoble Alpes Métropole a souhaité une analyse de l’impact des déterminants environnementaux sur les habitants.

Ce diagnostic santé environnement a été réalisé pour Grenoble Alpes Métropole par l’agence d’urbanisme de la région grenobloise et le Cerema. Il fournit des indications précises sur la santé et le cadre de vie des habitants. Les thématiques environnementales analysées dans ce diagnostic concernent les trois familles de déterminants qui impactent la santé

  • les modes de vie et la vie sociale et économique, 
  • le cadre de vie, 
  • et enfin les milieux et ressources naturelles à proximité des lieux de vie. 

Pour chaque déterminant, des objectifs à atteindre en termes de santé environnement ont été proposés, par exemple "aménager des espaces urbains de qualité", "favoriser la mixité sociale, générationnelle et fonctionnelle", "améliorer la qualité et la gestion des eaux"…

 

Quatre typologies de communes en fonction des enjeux santé environnement

Vue de Grenoble depuis la rivière, avec le téléphérique au fond
Grenoble - Pixabay

Le dernier volet de la mission du Cerema a été de proposer une analyse synthétique des données fournies par le diagnostic santé environnement, de manière à caractériser les différentes parties du territoire en termes d’enjeux santé –environnement

La méthode a été définie par le Cerema et l’ORS Auvergne-Rhone-Alpes, et consiste à réaliser une analyse typologique des communes afin de les regrouper en fonction de leurs similarités en termes de cadre de vie, contexte environnemental et sanitaire. 

Elle est réalisée à partir d’une grande quantité d’informations, issues du diagnostic local de santé (qui présente l’état de santé des populations et sa perception) et du diagnostic environnement santé (qui présente l’exposition environnementale de la population). L’analyse est menée à travers 3 grandes étapes :

  • Sélectionner des indicateurs pertinents pour observer en qualifiant les niveaux d’exposition de la population à différents facteurs environnementaux et en mesurant les impacts sur la santé. Des indicateurs portent par exemple sur la mobilité (habitudes et modes de déplacements, accès aux transports en commun), l’ancienneté des logements, la présence de chemins de randonnée, la végétalisation, le climat, les différentes maladies.
  • Appliquer des méthodes d’analyses statistiques mutivariées dans le but d’établir des groupes de communes en maximisant les différences entre les groupes et les similitudes au sein d’une même groupe
  • Analyser les spécificités en termes d’environnement et de santé de chaque groupe de communes. 
Carte des températures de surface à midi un jour de canicule
Carte des températures de surface à midi un jour de canicule - Extrait du Diagnostic santé -
environnement

L’objectif est d’utiliser la quantité de données santé environnement disponible pour le territoire, pour en tirer une description synthétique des enjeux.

Quatre profils de communes ont été ainsi établis en fonction de ces indicateurs sociaux, environnementaux et sanitaires :

  • Les 5 communes "centres" qui regroupent 60% de la population. Ce sont les communes les plus densément urbanisées, et où l’exposition des habitants aux pollutions et nuisances environnementales (températures élevées en été, pollutions aux particules, au bruit) est la plus forte. L’état des lieux montre aussi que la population précaire, dont l’état de santé est généralement moins bon, y est plus importante. 
  • Les 11 communes de première couronne (23% de la population dans 11 communes autour de Grenoble), où l’exposition aux nuisances et à la pollution reste plus importante que dans la moyenne des communes de la métropole. La santé des habitants est globalement meilleure que dans les villes-centres.
  • Les 17 communes situées en cœur de vallée (12% de la population), où moins de 10% de la population est exposée. L’état de santé des habitants y est globalement moins bon que la moyenne de la métropole.
  • Les communes situées sur les hauteurs (5% de la population dans des espaces très peu peuplés et naturel, avec très peu de nuisances). L’état de santé des habitants y est meilleur que la moyenne de la métropole, et l’exposition au nuisances et à la pollution moins importante.

Pour chaque catégorie une fiche de synthèse présente les points-clés du diagnostic et les principaux enjeux. 

Cette démarche apporte aux décideurs locaux des éléments de réflexion et des connaissances territorialisées pour échanger sur le sujet avec les acteurs du territoire et pour élaborer leurs politiques publiques. Elle permet d’aborder des questions telles que l’accès aux soins ou aux transports, de faire le lien entre cadre de vie et conditions socio-économique, et de prioriser les actions à mener en fonction du profil du territoire.

Une attention spécifique est portée aux populations les plus vulnérables (enfants, personnes âgées ou malades) ou sensibles aux pollutions.

En complément de ces approches basées sur des analyses de données, l’agence d’urbanisme de la région Grenobloise a complété ce diagnostic par une analyse des actions menées par la Métropole, notamment pour développer une culture commune et identifier les besoins des professionnels.